Résumé :
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Comment avoir des règles immuables pour pénétrer le monde interne d'un homme ou d'un enfant ? Hamlet le disait bien lui-même en s'adressant à Guildenstern : « Croyez-vous qu'il soit plus aisé de jouer de moi que d'une flûte ? Donnez à l'instrument que je suis le nom que vous voudrez, vous pouvez le retourner dans tous les sens : mais le faire chanter, non pas. » La technique est au service de l'instauration d'un cadre permettant au patient de développer librement sa pensée. Il s'agit bien d'une technique nourrie de science et d'art car elle doit s'adapter à la personnalité et à la pathologie de chacun. Nous sommes en face d'un paradoxe puisque, d'un côté, nous avons besoin de ce reliquat de l'expérience constitué par la technique et que, d'un autre côté, nous avons besoin d'une liberté totale, ainsi que l'exige toute entreprise créatrice. Nous sommes – pour reprendre l'expression de Freud dans ses écrits sur la technique – devant un sujet qui défie toute description : « Celui qui tente d'apprendre dans les livres le noble jeu des échecs ne tarde pas à découvrir que, seules, les manœuvres du début et de la fin permettent de donner de ce jeu une description schématique complète, tandis que son immense complexité, dès après le début de la partie, s'oppose à toute description. » La technique nous est cependant indispensable tout au long d'un traitement psychanalytique. Nous pourrions la comparer aux outils de plus en plus perfectionnés grâce auxquels, en retour, la clinique s'approfondit avec, pour conséquence, un remaniement de la théorie. En psychanalyse, la théorie nourrit la clinique qui en retour, via la technique utilisée, permet aux praticiens de développer la théorie. Nous conservons l'espoir que ce développement se poursuivra au fur et à mesure que les rencontres se multiplieront entre les patients – adultes ou enfants – et leurs analystes. Ce sont les patients qui nous guident quant aux bien-fondés de la technique que nous utilisons. Les enfants, eux, ne sont jamais dupes et ne s'en laissent pas conter. Ils savent bien où se trouve leur souffrance, bien qu'ils ne sachent pas toujours la dire, et quelle est l'exacte rencontre qui permet de la soulager.
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