Résumé :
|
En France, toute réflexion sur les rapports du langage et de la psychanalyse est immédiatement et à juste titre associée au nom de Lacan. Il fallait sans doute un regard éloigné et singulièrement scrutateur comme celui de John Forrester, jeune universitaire anglo-saxon, pour aborder la question en chercheur et non en épigone. Si la dette envers Lacan, auquel par décision, il n'est guère fait explicitement référence, n'est pas ici dissimulée, elle n'est jamais allégeance à des formules. Il ne s' agit pas davantage de paraphraser Freud pour objectiver le langage en un thème et, par là même, risquer d'en méconnaître les pouvoirs. La méthode d' enquête adoptée par l'auteur n'est, en conformité avec son objet, nullement synthétique mais analytique. Partant de la définition originelle du traitement comme «cure de parole » (la talking cure d'Anna O.) et du travail que Freud a consacré en 1891 à l'aphasie, Forrester est d'abord conduit à définir les conditions d'une métapsychologie de la parole : la machine parle, comment cela se peut-il ? Il réexamine ensuite la question du symbolisme, si lourde de malentendus, en nous replaçant au coeur du débat décisif et jamais clos entre Freud et Jung. Enfin il montre, par une série d'incursions dans la grammaire et la philologie, quel sens, métaphorique ou littéral, peuvent avoir des expressions aujourd'hui de monnaie courante comme, par exemple, langage de la névrose, parole du symptôme.On sera sensible tout au long de ce livre, à la fois extrêmement précis et sinueux, comme peut l'être une analyse, tant à l'étendue de la documentation de l'auteur qu'à Sa patience d'archéologue des strates et de déchiffreur de textes. (Derrière Freud, faut-il chercher Champollion ?) Comme l'écrit Pierre Fédida dans sa préface, John Forrester a adopté le pas tranquille de celui qui ne s'en laisse pas conter et ne s'avance qu'après avoir appris'. Lisons-le donc comme il lit lui-même.[Résumé d'éditeur]
|