Résumé :
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Le vieillissement de la population met à jour un phénomène de société qui touche principalement les femmes : Il s'agit de la multiplication de couples unissant de façon singulière les mères âgées à leur fille, et les enfermant dans un huis clos saturé d'affects. La vieillesse de la mère est un moment particulièrement chargé en émotions, et cette période est souvent dominée par un retour en force de l'ambiguïté des liens affectifs maternels et filiaux. Les jeux de miroir entre la mère et la fille se complexifient considérablement quand la mère, devenue vieille, renvoie à sa fille le reflet de sa flétrissure et de la mort qui approche. A cette époque la fille aborde la seconde moitié de sa vie et se trouve confrontée à de multiples remaniements personnels. Quand la mère devient dépendante et vulnérable, c'est le plus souvent la fille qui est sollicitée pour assumer sa prise en charge. Lorsque la vieille femme se laisse submerger par l'oubli, la fille est envahie par les souvenirs. Obligation de devenir la mère maternante et la mémoire de la mère. Ainsi la mère transmet sa place et sa mémoire, mais ce legs ordonné par le cycle inexorable des générations n'est pas dépourvu de violence. La fille est soumise à une véritable confusion des sentiments et des rôles, passant de la position de mère à la position de fille, de l'amour à la haine, du rejet à la compassion, des désirs de mort pour que sa mère ne souffre plus et ne la fasse plus souffrir, à l'impossibilité d'imaginer sa disparition. A travers cette alchimie affective, la relation mère-fille fait apparaître le délicat problème de l'héritage et de la transmission.
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