Résumé :
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À la fin des années 90, la santé mentale et les troubles psychiatriques ont émergés comme des priorités de santé publique, notamment du fait de nouvelles mesures de la morbidité. Le poids des troubles mentaux s’accroit dans les sociétés occidentales, et les traitements et prises en charges des personnes touchées par les troubles n’ont pas connus d’avancées majeures ces trente à cinquante dernières années. Les volontés politiques, rapports et autres appels à réformer le champ psychiatrique et la question sociétale de santé mentale sont souvent restés lettre morte et la notion de santé mentale, peut-être parce qu’à la croisée de nombreuses disciplines, est âprement débattue, tout comme les investissements de recherche dont elle fait l’objet. Pour évaluer les principales priorités de la recherche dans le domaine, l’Union Européenne a financé un projet de recherche entre 2011 et 2015 : ROAMER (A roadmap for mental health research in Europe). Notre équipe constituait le groupe de travail en charge d’effectuer l’état des lieux des ressources humaines, financières et infrastructurelles mobilisées pour la recherche en santé mentale. Nous avons estimé le volume des financements publics du programme FP7 de l’Union Européenne (2007-13), et en 2011 de l’Espagne, la Finlande, la France et du Royaume-Uni alloués à la recherche en santé mentale, et la part de recherche en santé dédiée à la santé mentale en UE et dans ces pays. Des bases de données dédiées ont été mobilisées pour connaître les infrastructures et formations utiles à la recherche en santé mentale en Europe et une revue de littérature sur ces thématiques a été conduite. Ces résultats ont été présentés à deux focus groupes pour identifier les manques et avancées à réaliser dans les trois domaines de ressources au moyen d’une liste de préconisations. Ces préconisations ont alimenté l’enquête de priorisation conduite par le consortium ROAMER qui a abouti à une feuille de route pour la recherche en santé mentale pour la décennie à venir. En complément de ce travail nous avons isolé tous les projets de recherche de santé mentale financés par l’UE entre 2007 et 2016, et par les principaux financeurs de projets de recherche en santé français entre 2014 et 2016, et catégorisés ces projets selon les troubles qu’ils couvraient et l’approche théorique qu’ils abordaient. Ce travail montre tout d’abord que la recherche en santé mentale de la décennie passée a obtenu environ 5% des financements publics de recherche en santé, alors que la charge morbide des troubles mentaux représentait environ 14% de la charge morbide totale ; que les principaux financeurs sur projets français ainsi que l’UE supportent majoritairement des projets de recherche abordant une approche neuroscientifique, génétique et cognitiviste de la santé mentale et en moindre part des projets d’approches psychosociale, psychodynamique et orientés sur le rétablissement des personnes touchées par les troubles psychiatriques ; que les grands ensembles de troubles mentaux sont inégalement investigués en comparaison de leur charge morbide respective. Enfin, nous plaçons en regard de ces résultats les préconisations issues du groupe d’experts de notre groupe de travail et du consortium ROAMER.
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