Notes :
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La psychiatrie générale telle qu'elle est pratiquée à ce jour a pour racine la psychiatrie légale, consistant à l'origine à dépister les malades mentaux parmi l'ensemble des personnes dites « déviantes » placées dans les hôpitaux généraux de l'époque, afin de leur prodiguer des soins adaptés (1). Ainsi, depuis plusieurs siècles Justice et Psychiatrie sont intriquées dans un système dont l'expertise psychiatrique pénale permet de maintenir l'équilibre. Cette pratique frontière permet ainsi l'articulation entre ces deux sphères (2,3,4,5,6). L'expertise psychiatrique pénale connait actuellement un contexte difficile, fait d'une diminution progressive de la population expertale(2,5,6) et de charges grandissantes confiées aux experts (4,5).
Par ailleurs, on ne dénombre pas moins d'environ 1600 homicides ou tentatives d'homicide par an en France depuis 2011 soit en moyenne 850 homicides annuels (7). Cela représente ainsi entre 1 et 5 homicides pour 100 000 habitants en France. Parmi les homicides recensés, entre 0,5 et 1% des auteurs bénéficient d'une irresponsabilité pénale ou d'une atténuation de responsabilité (8). Il existe plusieurs causes d'irresponsabilité pénale dont la plus fréquente est le trouble mental grave entrainant une abolition du discernement. En outre, environ 0,16 homicides pour 100 000 habitants en France sont imputables aux personnes souffrant d'un trouble mental grave, parmi lesquels les troubles schizophréniques, les troubles de l'humeur ainsi que les troubles graves de la personnalité
dont l'état-limite (9).
La violence et la propension homicidaire ont été étudiées à de nombreuses reprises dans la
schizophrénie (1,9,10,11,12) ou dans les troubles de l'humeur (9,13,14).
En revanche, très peu de travaux concernant la violence homicidaire sont actuellement disponibles à propos des troubles graves de la personnalité, et notamment l'état limite.
Cependant le diagnostic de trouble de personnalité état-limite est fréquemment posé à l'heure actuelle, aussi bien en population générale où les données épidémiologiques font état d'une
prévalence d'environ 2% (15) qu'en population psychiatrique avec une prévalence de 15 à 50% (16).
D'autre part, le trouble limite est très largement impliqué dans les passages à l'acte et dans l'agir (17).
Cela pose donc la question de la place de l'état-limite dans le passage à l'acte homicidaire et des
considérations expertales en terme d'évaluation de la responsabilité et de la dangerosité.
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