Résumé :
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Il y a bien des manières de lire ce livre dont on peut dire, sans risque, qu'il est et restera unique dans la littérature psychanalytique. C'est d'abord le compte rendu, d'une honnêteté et d'une précision exceptionnelles, du traitement psychanalytique, poursuivi pendant près de vingt ans, d'une jeune femme schizoïde, Suzanne, qui vient à sa première séance en déclarant qu'elle a 'perdu son âme' et que le monde n'est plus 'au-dehors d'elle'. Le récit des séances et des différentes phases de l'analyse nous fait entrer pas à pas dans le monde personnel de la patiente, en même temps qu'il nous fait comprendre ce que signifie la lutte contre la 'folie'. Une telle aventure exige nécessairement du psychanalyste une mise en cause de sa personne et de ses constructions, et c'est là le second aspect, rare, du livre : Marion Milner, sans rien cacher de ses errances ou de ses erreurs, invente sa propre 'théorie' : nous assistons à la genèse d'une pensée, longtemps tâtonnante, s'accrochant parfois à des interprétations héritées du kleinisme, mais s'ouvrant finalement, par succession d'intuitions, à des perspectives absolument originales. La théorie féconde est ici, à l'évidence, le résultat d'un processus qui engage au plus profond les deux protagonistes. Enfin, 'Les mains du Dieu vivant (c'est un vers de DH Lawrence qui donne son titre au livre) renouvelle notre conception de la créativité. Le mode de communication utilisé par Suzanne consiste en effet, pour une large part, en des séquences de dessins, d'une richesse et d'une beauté remarquable ; leur analyse, thématique et formelle, comme la mise au jour de leurs conditions de production amènent l'auteur de 'On not being able to paint' (titre d'un de ses précédents ouvrages) à reconnaître et à respecter la nécessité d'un 'espace vide' à l'intérieur de soi, où les forces créatrices de la personne trouvent leur source. Marion Milner est venue à la psychanalyse hors des sentiers battus et, devenue psychanalyste, elle a continué, à travers les influences de Mélanie Klein et de Winnicott qui ont largement contribué à sa formation, à se frayer son propre chemin. Sa sensibilité en fait un témoin exemplaire de ce qu'on peut appeler, au-delà des sectes, l'orientation (plutôt que l'école) anglaise de psychanalyse. [Résumé d'éditeur]
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