Résumé :
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Le concept de résistance évoque, dans une perspective évolutive concernant le schizophrène et son psychiatre, un mode d'interaction assimilable à une lutte dont l'enjeu serait le symptôme, sa présence ou sa disparition. La notion de schizophrénie résistante pourrait ainsi être traduite suivant deux axes de compréhension : d'une part, comme la persistance des symptômes schizophréniques chez un patient soumis à un traitement médicamenteux supposé efficace ; ou, d'autre part, comme l'inefficacité des traitements disponibles dans certaines formes de schizophrénies non clairement étiquetées. En considérant le premier axe évoqué, on pourrait incriminer des facteurs de résistance indépendants des caractéristiques pharmacodynamiques et pharmacocinétiques des molécules utilisées, alors que le second axe donnerait à penser que la pathologie schizophrénique regorge encore de nombreux cônes d'ombres qu'il conviendrait d'explorer. Dans l'un ou l'autre cas, apparaît l'incapacité pour le thérapeute de parvenir aux résultats escomptés. Cette notion de schizophrénie résistante a de façon récurrente fait l'objet de nombreuses réflexions et constitue encore de nos jours une préoccupation forte. L'une des constatations majeures ressortant du parcours d'un grand nombre de travaux récents est la difficulté à recruter de nos jours, pour des études standardisées, des patients répondant aux critères explicites de schizophrénie résistante tels qu'énoncés par Kane. En revanche, dans la pratique quotidienne, la notion de schizophrénie résistante reste présentée comme un problème de santé publique. Dans ce contexte, elle répond à une caractérisation plutôt implicite, dont l'appréciation est souvent variable d'un psychiatre à un autre. La plupart des études utilisent comme critère d'efficacité antipsychotique une baisse d'au moins 20 % du score de la BPRS. On peut s'interroger sur la pertinence actuelle des seuils utilisés dans l'interprétation des différentes échelles. Seuils demeurés constants malgré les évolutions thérapeutiques et le passage d'une caractérisation explicite vers une caractérisation plus implicite de la résistance. Face aux innovations dans le champ pharmacologique, qu'atteste la mise sur le marché de nouvelles molécules antipsychotiques dénuées de la plupart des effets secondaires décrits avec les neuroleptiques classiques, il m'a paru essentiel de revisiter la notion de schizophrénie résistante sous un angle pharmacologique, et d'en rediscuter les abords physiopathologiques.[résumé d'auteur]
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