Résumé :
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Objectifs : Le développement technique de la psychiatrie consolide un modèle matérialiste de la maladie mentale. Ce faisant, elle construit aussi un modèle de l’intériorité. L’auteur montre quels peuvent être les effets de ce modèle dans la clinique de la psychose et interroge le sens de l’expression 'c’est dans votre cerveau'. Méthode : L’auteur expose tout d’abord comment, dans notre ontologie moderne, la fabrique de 'l’intériorité-cerveau' a pris une place laissée vide en psychiatrie : le référent du symptôme. Ensuite, avec l’anthropologie et la sociologie des sciences, il explique pourquoi la réalité et la vérité de l’existence peuvent être confirmées par une image, notamment l’imagerie cérébrale. Enfin, face aux bouleversements ontologiques de la psychose, il montre les effets cliniques de cette référence qui fixe la question de l’être et de l’expérience vécue par la proposition 'votre psychose est dans votre cerveau'. Résultats : L’image fabriquée de l’intériorité amalgame les notions d’intériorité, de cerveau et de Moi. L’image du cerveau devient la preuve de son existence et la trace de l’intériorité. Ce modèle de l’intériorité ne fonctionne que dans certaines configurations subjectives, qui peuvent être réunies dans certains moments particuliers de la psychose. Discussion : La non-congruence entre le modèle du sujet psychotique et le modèle médical de la maladie n’est pas un manque d’insight mais doit être entendu comme la tentative de métaphoriser une expérience de modification du Self. Conclusions : Le modèle 'maladie cérébrale' de la psychose est fabriqué conjointement avec un modèle d’'intériorité' selon une ontologie moderne, naturaliste. L’expérience de la psychose bouscule cette modélisation. Le thérapeute peut se décaler de son ontologie spontanée pour accompagner la tentative de métaphorisation du vécu psychotique. [résumé d'éditeur]
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