Résumé :
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La différence entre l’« objet esthétique » et l’« objet artistique » relève du mouvement diachronique de l’acte créateur. Si tout objet artistique renvoie nécessairement à l’expérience esthétique, cette dernière, quant à elle, n’aboutit pas nécessairement à ce qu’on appelle une « œuvre », autrement dit à une production reconnue par le public, que ce soit par un petit nombre de professionnels ou par une foule d’amateurs. C’est dire que l’œuvre s’adresse à un autre en offrant des repères symboliques suffisants pour que cet autre puisse en accuser réception. En deçà du « faire œuvre », la seule visée esthétique fait bien intervenir la genèse de l’organisation perceptive dans toute la richesse de son instabilité – visée esthétique dont témoigne le sujet mélancolique –, mais reste exclusivement liée à son auteur dans la projection imaginaire de son expérience vécue. La distinction des processus, aux plans à la fois phénoménologique et psychanalytique, n’est sans doute pas aussi radicale. Mais c’est bien la problématique à laquelle nous convie l’art contemporain dès lors que, précisément, il laisse au regardant la possibilité de s’approprier ou non la production qu’il contemple, autrement dit la possibilité d’entrer ou non dans le processus artistique et ceci indépendamment de l’interprétation qu’il serait à même de lui attribuer quant au réel qui l’interpelle.[résumé d'éditeur]
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