Résumé :
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L'article revient sur les tensions qui ont accompagné, entre 1950 et 1980, le développement de la prise en charge de l'affection mentale aux États-Unis. Il rapporte ces tensions à la diffusion d'un idéal influencé par l'élan subjectiviste de l'Amérique de l'après-guerre, mais pour le moins contradictoire. Dans ce cadre, le diagnostic psychiatrique a été assimilé à une entreprise de disqualification de l'individu, critique aboutissant à nier l'existence de la maladie mentale. Mais ce contexte a également contribué à associer l'affection psychique à une forme d'incomplétude de soi, et a suscité sur ce fond une multiplication des demandes de soin. L'article évoque d'abord l'antagonisme de ces revendications à partir des effets qu'elles ont exercés sur la professionnalisation et la division du travail dans le champ psychiatrique. Puis, il tente de montrer comment le standard nosographique qui s'est imposé en 1980, le fameux DSM-III, en offrant le moyen de concilier les différentes visions du trouble psychique, a finalement institutionnalisé une nouvelle carte du normal et du pathologique sous la bannière de la « santé mentale ». [résumé d'auteur]
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