Résumé :
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Comment l'intérêt pour la philosophie phénoménologique et la pratique de la psychothérapie peuvent-ils interagir ? Une démarche phénoménologique permet tout d'abord de souligner la différence entre le symptôme, enraciné dans le raisonnement inférentiel hérité de la médecine somatique, et le phénomène, que le psychiatre perçoit souvent sans le reconnaître comme tel. La saisie intuitive des phénomènes nécessite que l'on maintienne une certaine distance vis-à-vis de nos connaissances établies, qui nous permette d'être surpris par les évènements, comme on peut l'être dans l'échange avec les enfants. Il est donc intéressant de décrire l'expérience vécue dans le dialogue psychothérapeutique à partir du récit d'un rêve par une enfant. Nous voyons alors émerger, dans la parole, un sens ' en train de se faire ', en sursis par rapport à un accomplissement définitif, qui diffère du sens intentionnel des actes de conscience, classiquement décrit en phénoménologie. Ce sens peut être rapproché, dans son mode d'apparition, des significations artistiques, en particulier de celles qui se déploient, en direct, dans le temps de l'improvisation. La méthode phénoménologique, enfin, permet d'éclairer comme un point problématique le moment où la continuité de la parole se brise, dans l'ennui d'un échange par exemple. Cette interruption peut alors être considérée comme l'occasion de mettre à nu une structure fondamentale du temps et de l'affectivité.[résumé d'auteur]
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