Résumé :
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La notion d'économie a été d'usage dans maintes disciplines académiques et culturelles jusqu'au début du xx e siècle, avant que les sciences éponymes ne s'en arrogent le monopole sémantique. Pour les néo-kantiens tournés vers l'étude des phénomènes biologiques et psychiques, l'économie était déjà une pensée des stratégies culturelles et psychiques destinées à faire un usage optimal des forces limitées de la vie. Sigmund Freud a approfondi cette réflexion dans ses écrits métapsychologiques ceux de 1915 et de 1923 certes, mais déjà dans certaines pages de L'Interprétation des rêves et du Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient. Freud ne démontre pas seulement comment l'appareil psychique parvient à faire autant que possible l'économie de ce qu'il en coûte socialement pour refouler en ce que la psyché confie au préconscient de détourner ces indésirables pulsions de façon à les mettre elles-mêmes au service du refoulement , mais il évoque comment les structures de production, de distribution, de consommation et de thésaurisation de notre économie politique s'intègrent à la stratégie du préconscient pour parvenir à ces fins. Dans ce contexte, l'argent n'apparaît pas seulement comme le maître moyen de l'économie politique, il est aussi, comme en témoigne Le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, la forme par laquelle il est donné aux sujets d'économiser des efforts de refoulement et d'alléger le travail psychique, selon des logiques économiques globales dont on ne sait plus, à lire les ouvrages anthropologiques de Freud (L'Avenir d'une illusion et Malaise dans la civilisation notamment), si elles sont psychiques ou matérielles, tellement elles en sont à se confondre. Georg Simmel, contemporain de Freud, prend la question par l'autre bout, en analysant comment les dispositifs et mesures de l'économie politique structurent les pathologies de la modernité, bien qu'ils se présentent le plus souvent comme leur remède. [résumé d'éditeur]
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