Résumé :
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Il faut, certes, affirmer fortement l'unité du champ du traumatisme. Cependant, il faut aussi avancer l'idée qu'une spécificité des traumatismes psychiques d'origine sexuelle existe, non pas tant dans la description générale de la névrose traumatique qu'ils induisent, que dans les prémisses qui conduisent un évènement sexuel à prendre le statut de traumatisme psychique. En d'autres termes, la question est : pourquoi un viol ou un inceste sont-ils traumatiques ? Les victimes de viol et d'inceste voudront bien me pardonner de poser ce problème académique, car celui qui n'a pas rencontré les victimes, peut, en effet, sans malveillance, s'interroger. Nous nous expliquons, sans trop de peine le caractère traumatique d'un tremblement de terre, d'un incendie ou d'un accident, par la proximité de la mort que ces expériences charrient avec elles, mais que penser des viols et des incestes sans menace et sans violence physique surajoutée. Il sont la plupart du temps extrêmement traumatiques et ce, sans que la mort réelle ne soit approchée. C'est dire que si le sentiment de proximité de la mort est présent dans le viol et l'inceste, c'est avant tout une construction psychique, celle de la blessure narcissique mortelle. Cela change tout par rapport à des traumatismes plus externes et plus mécaniques où l'identité n'est pas en jeu. Cette blessure narcissique mortifère des violences sexuelles explique que le viol est l'évènement le plus régulièrement traumatique. Quel sens existentiel donner à une expérience qui se pose dans les traces de la sexualité en omettant le consentement, qui prétend désirer au point de commettre un acte de violence, et qui au bout du compte, mélange à l'extrême les registres de l'érotisme et de l'agressivité ? Les victimes mettent effectivement du temps à en construire un qui ne les écarte plus du destin commun. [Résumé d'auteur]
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