Résumé :
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Le chemsex se définit classiquement par l’usage de substances psychoactives avant ou pendant les relations sexuelles afin d’améliorer performance, durée et plaisir sexuel. Cette pratique peut avoir des conséquences sanitaires individuelles très importantes (complications addictologiques, somatiques) et populationnelle (transmission d’infections virales ou bactériennes). Le chemsex a émergé en France à partir de 2009, avec l’apparition des nouveaux produits de synthèse (NPS) et d’internet (achat des produit et site de rencontre). La population principalement concernée par le chemsex est la population des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). L’addictoVigilance est un acteur de veille sanitaire incontournable de la surveillance des complications en lien avec la pratique du chemsex et ce à travers des indicateurs clairs : complications médico-légales (évolution des décès via l’enquête annuelle DRAMES et des soumissions chimiques), des évènements graves (troubles addicto-psychiatriques, neurologiques, cardiovasculaires, infectieux) via les notifications spontanées. Une mise à jour des données d’addictovigilance proposée dans cet article montre une augmentation importante et inquiétante des complications et des décès en lien avec cette pratique depuis 2008 (nombre de cas multiplié par un facteur 3 en 5 ans). La persistance à bas bruit de la pratique du chemsex par voie injectable est retrouvée dans les données avec des complications infectieuses pouvant se compliquer en arthrite septique. Les antécédents infectieux sont en baisse dans la population des chemsexeurs, que ce soit concernant le VIH, le VHC ou bien les autres IST. Les classes de substance rapportées sont toujours des cathinones de synthèse associées ou non à la cocaïne et au GHB/GBL. Les cathinones évoluent avec l’arrivée des dérivées chlorés type 3-CMC /4-CMC. Les principales complications sont les troubles liés à l’usage de substances, les infections (majoritairement abcès, hypodermite, nécroses), des troubles neurologiques impliquant dans la grande majorité des cas de G-holes (surdosage en lien avec le GHB/GBL), des troubles psychiatriques (psychoses avec hallucinations, délire, angoisse et dépression) et des complications cardiovasculaires en lien avec la toxicité des produits. Les agressions sexuelles et les cas de soumissions chimiques possibles soulignent les risques d’abus sexuels ou de rapports sexuels non-consentis plus importants dans le cadre du chemsex. La mise en place d’interventions multidisciplinaires a permis, pas à pas, une prise en charge holistique des chemsexeurs (addicto-psycho-socio-sexologique). La PrEP et la réduction des risques en matière de sexualité et de consommation de produits psychoactifs sont inscrites dans cette prise en charge. La diminution des antécédents infectieux est à souligner. Les initiatives de toutes parts, professionnels de santé ou société civile doivent continuer pour faire face à ce phénomène. [résumé d'auteur]
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