Résumé :
|
Première séance du séminaire "La santé mentale, regards de philosophes". Coordonné par Eva Liévain et Antoine de la Garanderie La psychologie platonicienne : orienter l'âme, disposer le corps. Bien que la notion de « santé mentale » soit récente, la recherche d'un équilibre de l'âme a inauguré les premiers gestes discursifs de ceux qu'on s'est mis à nommer alors des « philosophes » ; la tranquillité de l'âme était à la fois leur quête initiale et la finalité de leur science. Thalès, Pythagore, s'ils cherchaient à connaître la nature, c'était en vue de mieux connaître la leur l'ordre de la nature était ce modèle à suivre pour mettre de l'ordre dans la vie, la cosmologie servait l'éthique. Si Socrate a opéré une révolution, c'est qu'il a voulu rompre avec cet ordre physicien : le ciel n'est plus pour lui objet d'étude. S'il faut connaître l'homme, mais aussi forger une éthique, alors c'est à l'âme seule qu'il faut s'attacher. Telle est la rupture socratique à l'endroit de l'homme. Cette recherche, reprise par Platon, va devenir le coeur de sa philosophie tout entière : comment former les âmes pour qu'elles soient équilibrées ? Comment faire pour qu'elles le restent ? Que faire si elle ne le sont pas ? Par quels moyens théoriques et pratiques éviter la mania, la démesure, le dérèglement, la démence, mais aussi ces maladies de l'âme que sont l'ignorance et le vice ? Quelle politique mener pour que la cité renferme le moins de malades possible ? Platon a une conscience aiguë de la complexité de l'âme humaine, de la fragilité de son équilibre, de la finesse de cet art qu'est l'éducation, et sa théorie politique sera donc une thérapeutique de l'âme. Mais alors que l'on pense ici parfois trop exclusivement, comme voie royale, à la marche vers les Idées, à la formation de l'âme par elle-même, on néglige l'importance que Platon a pu donner, dans l'éducation même de l'âme, au corps, lequel n'est pas seulement suivant la caricature qu'on en fait obstacle à la vertu, mais aussi moyen sur lequel s'appuyer. Il importe alors, pour bien comprendre la pensée de Platon jusqu'au bout, c'est-à-dire aussi jusqu'à ses derniers textes, de compléter la lecture du Charmide par celles du Timée et des Lois, qui mettent en relief l'importance de bien configurer le corps pour pouvoir disposer l'âme à s'équilibrer ce qui montre que Platon s'est montré conscient des limites du pouvoir de l'âme à se donner forme elle-même par elle-même. Notre but sera de saisir la psychopathologie platonicienne, les moyens de corriger les déséquilibres, comme de les prévenir. Enseignante de philosophie au lycée, Eva LIEVAIN est certifiée-bi-admissible à l'agrégation de philosophie, titulaire d'un Master 2 à Paris-I-Panthéon-Sorbonne (sous la direction de Monique DIXSAUT et Luc BRISSON, « Le Corps chez Platon », 2002), et d'une licence de Lettres modernes (Paris-X-Nanterre), a fait un I.U.T de Biologie (Paris XII-Créteil).
|