Résumé :
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Rendre compte de l’ensemble des maladies mentales à travers une nosographie relève d’une entreprise scientifique normative. La porosité des systèmes de classification vis-à-vis des lobbies industriels, mais aussi intellectuels, laissent à penser que les normes véhiculées par les nosographies reflètent des normes socio-culturelles. Les expériences exceptionnelles, ces vécus qui s’écartent des modèles explicatifs de ceux qui les vivent et sont souvent interprétées de manière paranormale ou spirituelle, posent ainsi question. Faut-il les assimiler à des symptômes psychopathologiques ou leur donner une place d’exception ? Des chercheurs en psychologie transpersonnelle sont parvenus à faire entendre aux concepteurs du DSM-IV la nécessité d’adjoindre une catégorie spéciale pour les problèmes spirituels ou religieux. Plus récemment, le DSM-5 a apporté des modifications importantes dans la formulation du diagnostic de la schizophrénie qui remettent en cause l’importance des hallucinations acoustico-verbales en tant que signe clinique. A partir de deux exemples cliniques auxquels sont appliqués la grille d’Evaluation Dimensionnelle de la Sévérité des Symptômes Psychotiques par le Clinicien, nous montrons comment la présence régulière de voix induit un diagnostic de schizophrénie paranoïde avec le DSM-IV-TR et une absence de diagnostic avec le DSM-5. Les deux sujets se sont approprié leurs voix comme signifiant des dons de médiumnité. Une telle configuration concrétise l’interrogation de la sensibilité d’une nosographie telle que le DSM face à la complexité de situations aux frontières des normes socio-culturelles.[résumé d'auteur]
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