L’école Internationale d’Enseignement Infirmier Supérieur (Lyon, 1965-1995) : fabrique d’une élite et creuset pour l’émancipation des infirmières françaises du XXe siècle
Editeur : | Le Havre (25 rue Philippe Lebon, France) : Université Le Havre Normandie |
Spécialité du diplôme : | Doctorat |
Auteur(s) : | POISSON Michel, Aut. |
Année de publication : | 2018 |
Pages : | 635 |
Notes : | Qui se souvient aujourd’hui de la seule Ecole internationale et supérieure d’enseignement infirmier (EIEIS) ayant existée en France durant 30 ans? Qui, parmi les infirmières et leurs cadres ? Qui, parmi les experts de la formation professionnelle pour adultes ? Qui, parmi les historiens et sociologues de la formation ? Grâce à Michel Poisson, cette expérience unique, originale, et par certains côtés subversive, est désormais durablement consignée dans une thèse, consultable en ligne, et, on l’espère, prochainement publiée. Cette Ecole échappe ainsi à un oubli probable, car la mémoire de ses membres, aussi vive soit-elle, n’est pas impérissable, et rares sont ceux à avoir couché leurs souvenirs par écrit, qu’ils aient été élèves ou enseignants. Sans Michel Poisson, qu’aurait-on risqué d’oublier ? Un dispositif de formation promotionnel social et professionnel réservé à des infirmières. Un parcours ascensionnel leur était ainsi offert à travers l’accès à des fonctions, soit de cadre supérieur (de supervision, direction ou enseignement) soit d’expert spécialisé ou de chercheur en soins infirmiers. L’offre de telles destinées s’avérait exceptionnelle à une époque où les postes de cadres étaient presque totalement fermés aux femmes. Encore plus révolutionnaire était l’intention, corollaire à cette formation et aux postes dont elle devait entraîner l’instauration, de mettre en place à l’hôpital une lignée hiérarchique infirmière aux côtés de celles du personnel médical et administratif, c’est-à-dire de placer au même niveau des « petites » infirmières et des grands hommes, médecins et directeurs d’établissement! Dernier aspect inédit : pour la première fois dans l’histoire en France, cette Ecole a ouvert les portes de l’université aux infirmières qui ont ainsi pu se voir délivrer un diplôme universitaire (DU). Cette innovation marque le début d’une évolution de la formation continue et promotionnelle des soignants, peut-être pas assez étudiée et anticipée par les plus militants d’entre eux, dont la quête de "reconnaissance" débouche aujourd’hui sur une remise en question de la formation par les pairs, au sein d’écoles professionnelles. Le contrôle de sa formation, un temps dite "permanente" et aujourd’hui "tout au long de la vie", par le groupe professionnel infirmier a bien été un des enjeux centraux de cette Ecole. Sophie Divay, Sociologue, Maîtresse de conférences Université de Reims, Centre d’études et de recherches sur les professionnalisations (CEREP) |
Mots-clés : | HISTORIQUE ; INFIRMIER ; MODERNITE ; PROFESSION ; PROMOTION PROFESSIONNELLE ; UNIVERSITARISATION ; |
Résumé : |
L’école internationale d’enseignement infirmier supérieur, Lyon (1965-1995):
Fabrique d’une élite et creuset pour l’émancipation des infirmières françaises du XXème siècle. En 1960, après 40 années de professionnalisation, les infirmières françaises étaient dotées d’un modèle original de profession fortement structuré et témoignant d’une qualification qui avait indéniablement gagné en épaisseur. La Grande Guerre et ses prolongements avaient favorisé la pénétration en France du prototype professionnel anglo-américain. Même si cette influence futlimitée, en 1960 le modèle français était comparable en de nombreux points à l’historique modèle anglais et à son successeur américain. En revanche, les infirmières françaises ne connaissaient à cette date ni les perspectives de carrière de leurs collègues, ni le chemin de l’Université alors impensable. La création de l’EIEIS à Lyon en 1965 offrit cette possibilité à un petit nombre d’entre elles et constitua une extraordinaire opportunité pour le développement de la profession en France. L’élite très active formée grâce à cette institution oeuvra à la modification des représentations de la profession chez les médecins, les universitaires, les directeurs d’hôpitaux et les politiques. Elle contribua aussi à changer les pratiques et le rapport au monde des infirmières françaises qui inventèrent même un mouvement revendicatif original à la fin des années 1980. Enfin, cette École établit les bases d’un développement disciplinaire des soins infirmiers en France. Unique en son genre, elle ferma en 1995, faute des moyens nécessaires au maintien de son activité. Le New public management, de plus en plus présent à l’hôpital, privilégia la rationalisation des organisations et leur gestion strictement comptable, au détriment des considérations sur le développement académique des soins infirmiers en France. |
Notices du même auteur
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