Résumé :
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L’approche phénoménologique peut être un outil de travail complémentaire à une approche psychiatrique classique ainsi qu’à une approche neuro-biologique dans le repérage des symptômes précurseurs de l’entrée d’un sujet dans le spectre de la schizophrénie. Nous présentons le cas clinique d’Ellen et proposons une analyse psychopathologique de sa symptomatologie à l’aide du modèle « ipseity, hyperreflexivity », élaboré par L. Sass et par J. Parnass, tout en nous appuyant — entre autres, pour étudier le vécu corporel — sur les travaux de M. Merleau-Ponty et de G. Stanghellini. La phénoménologie apprend à analyser l’épaisseur des vécus d’un sujet en tant qu’expression de la modalité de son être-au-monde. Cette approche psychopathologique, centrée sur la rencontre avec des formes d’existence, permet de saisir les premières déformations de l’expérience subjective, qui sont l’indice d’une vulnérabilité psychotique, avant la constitution de symptômes psychiatriques avérés. Dans le cas d’Ellen, nous essayons d’élucider l’expérience des altérations du vécu du corps propre et de montrer que la phénoménologie enseigne à utiliser l’observation clinique comme un travail de reconstruction du sens ce qui est d’emblée un geste psychothérapeutique. Les anomalies de l’expérience subjective, que la phénoménologie permet de saisir avec une finesse sémiologique, pourraient se révéler un levier pour développer la recherche dans ce domaine de la santé mentale et de réhabiliter le corps dans la clinique psychiatrique. La psychopathologie phénoménologique suggère des perspectives de recherche novatrices dans le domaine de la santé mentale et dans la compréhension de la schizophrénie.[Résumé d'éditeur]
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