Résumé :
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Par-delà les époques un dialogue semble s’être instauré entre Bruegel l’Ancien (1525-1569) et Antonin Artaud (1896-1948). L’émerveillement du poète devant la 'peinture du Nord', à la fois réaliste et emblématique, est révélateur de son idéal le plus profond d’artiste : la peinture, opération 'magique', déploie un pouvoir d’expression fondé sur les signes et non plus sur les mots, dont le théâtre est appelé à s’emparer également. La juxtaposition du Triomphe de la Mort de Bruegel et d’un dessin célèbre d’Artaud, Le Théâtre de la cruauté, met en évidence les convergences saisissantes entre les deux artistes. A travers leurs œuvres picturales tous deux renouvellent par delà les siècles la symbolique funéraire et mythique de la mort, héritée des scènes macabres des tableaux médiévaux, mais aussi de la haute Antiquité. L’étude des références à l’iconographie théâtrale dans la peinture de Bruegel, où carnavalesque et crudité de la mort se renforcent mutuellement, permet d’approfondir le sens de ces résonances. Chez les deux artistes, la forme et l’élan poétique se rencontrent pour que la représentation, en tant que structure commune à la peinture et au théâtre, fixe un instant du monde, tout en animant cet instant à l’infini, grâce à des signes conçus comme de 'véritables hiéroglyphe' (Artaud), problématique que Michel Foucault a associé à la vérité la plus forte que porte l’expérience de la folie. [résumé d'auteur]
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