Résumé :
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Cette histoire a beaucoup affecté et divisé l’équipe soignante ; elle a mis en tension la plupart de ses membres. En raison de son « agitation » dans un contexte de troubles cognitifs sévères, M. V avait reçu un psychotrope qui avait malheureusement eu comme effet indésirable de provoquer une rétention urinaire, ce qui a nécessité la mise en place d’une sonde urinaire pour vidanger la vessie. Jusque-là rien que de très ordinaire ; mais dans les heures qui ont suivi M. V a arraché sa sonde et provoqué un saignement. La sonde était indispensable pour préserver le fonctionnement de la vessie et aussi pour éviter la douleur d’une vessie en réplétion. Mais le comportement d’arrachage était récurrent si bien que la question s’est posée de la contention des mains du patient. Il n’y avait pas de solution technique et éthique satisfaisante. Cet homme, y compris avec ses troubles cognitifs et comportementaux, était sympathique et attachant, il n’agissait manifestement pas pour s’opposer mais parce qu’il ne comprenait pas le projet de soins. Les valeurs partagées dans l’équipe – redonner de la cohérence à une mobilité excessive, forte réticence à la contention physique, droit au risque pour le patient – étaient malmenées. Sa famille était très présente, la chambre en était pleine tous les après-midi. Les relations des soignants avec les proches n’étaient pas simples car leur niveau de réponse aux explications demandées ne les satisfaisait pas, eux les premiers ! Les discussions en équipe étaient souvent vives y compris entre médecins et avec la psychologue. Plusieurs participants disaient leur malaise, non seulement à propos de l’absence d’accord entre eux, mais aussi de la conflictualité psychique que cela aiguisait, l’indécision, la violence voire la honte de ce que cela faisait vivre à chacun en tant que personne et en tant que soignant. Ce d’autant que la situation clinique se dégradait au fil des jours : infections, confusion mentale, escarre… [début de l'article]
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