Le bénévole en soins palliatifs : des signaux invisibles de détresse
Source | JALMALV (n°135) |
Auteur(s) : | BOISSIERAS Fabienne, Aut. |
Année de publication : | 2018 |
Pages : | 63-71 |
Mots-clés : | ATTITUDE FACE A LA MORT ; BENEVOLAT ; MORT ; SOINS PALLIATIFS ; SOUFFRANCE PSYCHIQUE ; |
Résumé : |
L’histoire du mot bénévole, littéralement « qui veut bien », renseigne assez sur les ambiguïtés sémantiques qui pèsent encore aujourd’hui sur le vocable. Longtemps concurrent de deux mots construits sur la même base verbale vouloir, bénévolent, littéraire, et bienveillant, récupéré par la psychanalyse, l’adjectif peine aux cours des siècles à stabiliser son sens. L’assaut le plus marqué vient de l’édition de 1740 de l’Académie française prompte à saisir l’adjectif de façon péjorative : « il ne se dit plus qu’en badinant et dans ces phrases, lecteur bénévole, auditeur bénévole ». Ce n’est qu’à la fin du xixe siècle qu’il s’interprète à nouveau en bonne part désignant celui « qui fait preuve de bon vouloir » mais surtout, précision d’importance pour notre propos, l’adjectif s’applique à toute chose faite de manière désintéressée, sans rémunération. La conséquence de cette orientation sémantique est rendue visible dans la conversion en substantif un, une bénévole jusqu’alors absent du paradigme lexical. L’autre ancrage diachronique à retenir est la création tardive (1954) du nom bénévolat, lequel réactive l’équivoque dès lors qu’il use d’un suffixe -at très productif en français pour dénoter une profession. Toutes ces variations sémantiques, aussi ténues fussent-elles, enregistrent la confusion attachée à un mot que nous allons traiter maintenant en contexte pratique.
Face à la question de la volonté qui précède l’engagement du bénévole, il n’est pas de réponse simple. Confronté sans répit, en soins palliatifs, à l’inconsolable de l’existence, celui qui accompagne la souffrance ultime ne saurait être lui-même dans la difficulté d… [premières lignes] |