Résumé :
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Paul Sérieux et Joseph Capgras publient en 1909 leur ouvrage devenu classique : Les folies raisonnantes. Le délire d’interprétation. Il s’agit d’un délire non hallucinatoire, dont le mécanisme est essentiellement interprétatif. Les interprétations se basent sur de petits faits du quotidien, sur des lectures, des attitudes, des regards, tous interprétés de façon plus ou moins hostile, qui concernent le sujet (« signification personnelle »), et qui, s’enchaînant les unes aux autres, produisent un délire dit systématisé. Il est intéressant de parcourir l’histoire du délire d’interprétation, avec les articles de Sérieux et Capgras qui précèdent la date de 1909, mais aussi avec les articles qui suivront. Il est intéressant et important également de revenir sur les travaux d’autres auteurs de l’époque. La plupart d’entre eux saluèrent immédiatement les travaux de Sérieux et Capgras, d’autres avancèrent certaines critiques qui nourrirent les débats, notamment les débats concernant la distinction tranchée ou non entre interprétation délirante et hallucination. Une revue de la littérature est donc consacrée à ces auteurs du début du xxe siècle. Nous prolongerons notre étude avec l’arrivée des conceptions psychanalytiques, entre autres avec Jacques Lacan qui dès les années trente jusque dans les années cinquante s’intéressa particulièrement à cette question de l’interprétation dans la psychose. Nous verrons comment nous pouvons articuler interprétation délirante et phénomène élémentaire. Nous tenterons de faire valoir l’importance du concept d’interprétation délirante, centrale dans les psychoses, en l’articulant à l’hypothèse de l’inconscient, à la structure de langage, en insistant sur la dimension de déchiffrage nécessaire au sujet, un déchiffrage du monde qui lui permet de mettre du sens sur un réel énigmatique et inquiétant. Le délire dit d’interprétation peut se concevoir comme une lecture singulière du monde qui permet au sujet d’obtenir un éclairage particulier sur celui-ci, un éclairage qui lui apporte des réponses qui peuvent avoir pour lui une fonction d’allégement, de soulagement.[résumé d'éditeur]
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