Résumé :
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Les scènes de folie sont fréquentes dans l'opéra du XIXe siècle. Elles relèvent toutes de la fiction et de ' la scène à faire ' pour plaire au public. Or, il se trouve qu'un opéra actuel s'attaque au même défi mais en portant cette fois à la scène l'histoire d'un personnage qui a réellement existé et a réellement sombré dans la folie. Il s'agit de Jakob Lenz, un poète romantique allemand de la fin du XVIIIe siècle, qui a connu Goethe, a été son rival en amour et a tenté d'endiguer sa folie en se réfugiant dans l'air pur des montagnes vosgiennes auprès d'un pasteur qui avait la réputation de guérir les âmes en perdition. L'opéra, tiré d'une nouvelle de George Büchner et dont la musique est de Wolfgang Rihm, se déroule dans la province du Steintal (le Ban de la Roche, en français), où le pasteur Jean-Frédéric Oberlin avait institué, au fil des années, une sorte de micro État utopique régi par la crainte de Dieu, la ritualisation des tâches et la rationalisation du travail. La confrontation angoissée de ces deux personnages hors du commun constitue un des intérêts majeurs de cette histoire, l'autre étant la bascule progressive dans la folie de celui qui aurait pu devenir un grand poète mais qui, encore jeune, mourut misérablement dans la démence terminale. La musique et le chant - on devrait dire les cris - du protagoniste décrivent, au-delà des mots, sa descente aux enfers, ses terreurs et ses hallucinations. Jakob Lenz est un exemple, quasi unique dans l'histoire de l'opéra, qui tente de traduire directement en musique l'évolution d'une schizophrénie au sens classique du terme.[résumé d'auteur]
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