Résumé :
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Les traitements de substitution aux opiacés (TSO) se sont mis en place en France au milieu des années 1990 dans un contexte polémique. La France changea de paradigme en matière de soin aux toxicomanes et les évaluations tirèrent de ce changement un bilan globalement positif. Toutefois, des études montrent que la BHD fait l’objet de diverses formes de mésusages et qu’elle est utilisée parfois comme une 'drogue'. Mais, dès lors, qu’est-ce qu’une drogue ? Il s’agit de comprendre et d’expliquer pourquoi et comment un médicament devient une drogue par la reconfiguration de ses usages. Au XIXe siècle naissant, l’opiomane anglais Quincey témoigne dans ses 'confessions' d’une pratique qui se répandait à son époque. Le livre connut un grand succès et son texte constitue le récit canonique d’un mythe qui institue un rapport inédit et irréversible d’Homo sapiens avec les psychotropes. Pour l’anthropologue, les mythes sont des narrations qui, en fixant des signes, instituent des formes de donation du sens. L’anthropologie sémiotique se propose d’étudier la culture envisagée comme mode de donation du sens. En nous appuyant sur son programme épistémologique, nous analyserons le cas de la BHD en France dans la perspective de celui de l’opium de Quincey. Le retour à cette source originaire permet de reconsidérer différents discours en jeu actuellement sur 'la drogue' et les psychotropes. Une idée largement répandue considère que la drogue est un mythe, une construction sociale, bref que 'ça n’existe pas'. Pourtant, comme forme symbolique, elle institue des conditions de possibilités d’usages de psychotropes. [extrait du résumé d'auteur]
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