Résumé :
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L’humanité connaît une nouvelle ère. Si, pendant des millénaires, l’être humain a laissé sa marque, écrit, représenté et reproduit, il est entré, depuis la fin du vingtième siècle, dans la civilisation du codage numérique, où des multimédias généralisés permettent d’établir des communications instantanées, de simuler virtuellement la réalité, d’exporter la quasi-totalité des connaissances sur un réseau numérique mondialisé accessible... Peu importe le terme retenu pour décrire ce changement, cette évolution, cette révolution, cette mutation, le fait est là : le monde actuel n’est pas le même que celui d’hier. Et rien n’est plus dérangeant pour l’esprit que de penser l’inconnu... Pourtant, tous les habitants de la planète – ou presque – sont placés devant l’exigence d’une adaptation rapide. Plus particulièrement, les professionnels de l’enfance et de l’adolescence se trouvent confrontés au premier chef à l’avènement du nouveau monde, ils sont impliqués, le plus souvent par ces jeunes natifs de la civilisation numérique, dans l’univers des technologies nouvelles, où il leur faut apprendre – rapidement – à naviguer. Ils savent que ce sont ces jeunes qui seront, demain, les acteurs de cet univers, qui n’est pas sûr. En tant qu’adultes responsables, pétris de certitudes et aussi de peurs, ils se doivent de préparer ces jeunes à affronter ce monde, avec l’intelligence à laquelle ils ont droit. Ils doivent garder le cap, mais comment le faire entre un haro sur les jeux vidéo, une apologie simpliste d’Internet, une démission généralisée et un interdit formel d’usage ? Rejoignant les préoccupations des parents, ils s’interrogent. À quel âge autoriser l’utilisation du portable ? Est-ce bien de vérifier les contacts sur Facebook ? Combien d’heures par jour laisser jouer à la console vidéo, sur des jeux de guerre ? Y a-t-il encore la place de poser des normes ? Si oui, les auteurs du dossier du présent numéro d’Enfances & psy s’accordent à penser, dire et écrire que la légitimité de telles normes ne trouvera son sens que dans la compréhension des fondements et des enjeux de la révolution numérique. Ils ne prétendent certes pas circonscrire tous ces fondements et enjeux, mais ils parcourent les grandes problématiques des rapports au virtuel, des sollicitations potentiellement dangereuses sur les réseaux, des risques présumés d’addiction, des recours à de nouvelles médiations thérapeutiques (notamment dans les remédiations cognitives), etc., qui ne peuvent les laisser indifférents, en tant que parents et professionnels de l’enfance et de l’adolescence.
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