Résumé :
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En guise d’introduction à cette table ronde portant sur ' Transmission et génétique ' et en préalable à la conférence de M. Le Professeur J.-L. Mandel, nous proposons plusieurs réflexions autour des questions fondamentales de l’inné et de l’acquis, des risques pour l’enfant de toutes prédéterminations et des dangers de certaines prédictions. Une illustration clinique étaye notre questionnement autour des enjeux du diagnostic prénatal (DPN), des aléas du diagnostic génétique précoce et des effets d’un diagnostic prédictif. En effet, notre expérience de pédopsychiatre de liaison en pédiatrie nous permet un repérage de l’évolution des différents regards portés sur l’enfant : ceux de la science, de la génétique, ceux de la néonatalogie, de la pédiatrie, de la psychanalyse. Si la tendance a longtemps été d’opposer l’enfant de la science à celui de la psychanalyse, il nous semble que cette opposition est en voie d’être caduque ; la clinique impose d’elle-même un tel rapprochement. Il ne s’agit plus d’opposer mais de composer. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas un hasard si la psychanalyse est plus que jamais d’actualité. Plus la science avance, plus la question du singulier se pose. Les neurosciences et la génétique sont amenées à repérer des mécanismes universaux qui aboutissent à produire de l’unique, remettant dans une actualité nouvelle ce qui fait le propre de la psychanalyse. Pour autant, la confusion est parfois vite faite entre l’histoire et le destin de l’enfant ; entre l’anamnèse et la destinée du sujet, entre prévention et prédiction, entre savoir et certitude. Nous soulignons ici le piège des causalités et des déterminismes (qu’ils soient génétiques, épidémiologiques, pédiatriques, sociologiques et même pédopsychiatriques) en rappelant que ' l’avenir n’est pas écrit '. Autrement dit, il existe toujours un hiatus radical entre un état du cerveau et le sujet qui va s’en déduire (qui renvoie à la plasticité cérébrale, mais aussi au sujet de l’inconscient), un écart entre l’IRM et le sujet, entre la maladie et le sujet qui souffre, entre le génotype et le phénotype... Et c’est dans cet écart qu’il est possible d’offrir un espace de liberté, de laisser ouverte la question du sujet, y compris dans les situations extrêmes. Dans ce débat, ' de la transmission au diagnostic prédictif ', le pédopsychiatre à une place. Nous évoquons cette place, en précisant en quoi le pédopsychiatre est un praticien de l’inattendu, un artisan de la rencontre.[résumé d'auteur]
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