Résumé :
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Chez l’adolescent, la dépression n’est pas rare mais difficile à reconnaître, ses manifestations cliniques étant moins franches que chez l’adulte. Pour autant les affects dépressifs ne doivent pas être banalisés et considérés comme faisant partie de l’évolution normale. Les deux abords indispensables dans l’appréhension des phénomènes dépressifs sont l’aspect clinique, à la recherche de symptômes, et le point de vue psychopathologique, tentant de repérer le sens de cet épisode dans l’économie psychique actuelle de l’adolescent et de son histoire individuelle et familiale. L’adolescence représente un temps crucial dans le processus d’intériorisation des liens avec les parents et d’organisation de l’espace psychique interne, avec la reprise de la différenciation entre ' Surmoi œdipien et Idéal du Moi '. Le cas de Rémi, d’un point de vue sémiologique, paraît assez restreint, s’agissant d’une dépression dite ' masquée '. Il lui est proposé un entretien semi-structuré d’évaluation diagnostique avec l’utilisation du Kiddie SADS, ainsi que le passage de questionnaires auto-administrés : inventaire des raisons de vivre... Un certain nombre d’éléments émerge et se révèle être intéressant, malgré une cotation finalement assez pauvre. L’usage de ces outils s’avère fructueux, afin de parvenir à une meilleure compréhension de ce passage à l’acte suicidaire chez cet adolescent, pour autant nous avons cherché à éclairer les mécanismes en cause d’un point de vue psychopathologique. Bien que la symptomatologie dépressive n’apparaisse pas au premier plan du tableau clinique, il existe une souffrance de cet ordre chez Rémi, chez qui prévaut une certaine fragilité d’ordre narcissique. Nous avons supposé que l’échec à l’examen du Code de la route a exacerbé le conflit inhérent au décalage instauré entre son ' Moi et son Idéal du Moi ' fonctionnant comme une instance tyrannique. Rémi a débuté un travail psychothérapeutique, qui suppose au préalable une évaluation diagnostique rigoureuse mais qui se doit d’être créatif dans l’espace de la rencontre. L’idée serait qu’au moins dans un premier temps, le sujet adolescent accompagné dans le récit de son histoire, soit intéressé par ses propres découvertes, et qu’au fil de l’entretien, il renoue avec le plaisir de ' se raconter '.[résumé d'auteur]
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