Résumé :
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Si l’âme représente la partie divine en l’homme, engagée dans la contingence de la réalité sensible – un corps, les choses, les autres –, sa santé (arétè), caractérisée d’abord par la réflexion, se trouve d’emblée menacée par les multiples formes d’illusions et de mensonges. Un certain usage technique de celles-ci (la sophistique), constitué sous formes de pseudo-savoirs désaffectés et de techniques (téchnai) de persuasion, rend la menace pour l’âme tout à fait urgente et appelle une réponse compétente fondée sur un critère éthique, puisque de manière analogique à la réalité, l’usage d’un discours (logos), a fortiori dans sa forme scripturaire, sera tantôt positif (curatif), tantôt négatif (empoisonnant), s’inscrivant ainsi dans une réversibilité pharmacologique dangereuse. La philosophie émerge précisément dans ce contexte polémique et pathologique comme conversion à un mode de vie thérapeutique fondé sur l’activité de la pensée par soi-même, qui constitue la dynamique de la pratique du soin (épiméléia) par excellence. En définitive, cette pratique devra elle-même se rendre experte dans l’usage du pharmakon, maîtresse d’une science médicale vivante et réactive. L’enquête menée à l’intérieur du corpus dévoile ainsi le souci extrême chez Platon de la protection des conditions de l’examen, présentée comme un enjeu identiquement éthique et sanitaire, aucune réflexion véritable ne pouvant se faire sans relation à soi d’une part, et comme relation à l’autre d’autre part. [Résumé de l'auteur]
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