Résumé :
|
Cet article interroge le glissement qui passe d'une vision de la folie marquée par la conception religieuse de la folie, à un aspect de la religion telle qu'elle est vue dans la psychiatrie naissante, particulièrement l'aliénisme français, pour lequel les folies à dominante religieuse sont, étrangement, très difficiles à guérir. Je reconstitue d'abord un cadre traditionnel religieux pour aborder la folie, marqué par une dimension de relativité de la folie, et exemplifiée entre autres par Pascal. Je montre que dans certains articles de l'Encyclopédie sur la folie cette conception est très prégnante, alors qu'elle s'atténue dans d'autres articles de la même oeuvre, pour lesquels une conception plus médicale de la folie, aux fondements qui renvoient à la physiologie des vitalistes français est détectable. Je montre ensuite que dans le dispositif aliéniste que Pinel élabore sur ces fondements la conception religieuse disparaît. J'analyse enfin le statut des folies à composantes religieuses chez Pinel, puis chez Esquirol, pour lequel la manie religieuse est explicitement une relique du passé, et, implicitement, de manière plus diffuse, une composante difficilement curable de nombreuses pathologies mentales. [résumé d'éditeur]
|