Résumé :
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Le terme de 'corps' garde machinalement sa place en techno-médecine contemporaine, mais il désigne en réalité l''organisme' : une fiction opérationnelle techniquement féconde, issue du modèle cartésien de l'animal-machine, brillamment déployé par la ' médecine expérimentale ' de Claude Bernard. Si la répartition de notre unité existentielle en un puzzle d'organes spécialisés, correspondant aux divers étages de l'hôpital, nous sauve quelquefois la vie, l'omission de leur rapatriement dans la totalité d'un corps peut tout aussi bien nous la coûter. Bien que se réclamant de la science expérimentale, le modèle techno-médical courant est en réalité plus pragmatique que scientifique. En effet, depuis plus d'un demi-siècle, il ne cesse d'éluder un des domaines de la médecine les mieux confirmés par une multitude de recherches purement expérimentales : l'effet placebo. En rien impalpable, témoin obstiné des avatars du corps réel, l'effet placebo se voit, en outre, flanqué d'un cousin délétère : l'effet nocebo. Leur non-prise en compte dans le quotidien des soins témoigne non seulement d'un grand mépris de la science mais d'une grave inconséquence quant à la santé des patients. Comme souvent, l'idéologie l'emporte ici au nom des apparences scientifiques sur les exigences conjuguées de la clinique et de la rationalité. En témoigne un peu partout l'inquiétant délabrement, tant humain que matériel, du nursing hospitalier livré aux exigences destructrices d'une logique purement managériale.[Résumé d'auteur]
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