Résumé :
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Dans Le Temps retrouvé, Marcel Proust au cours d'une matinée chez la princesse de Guermantes retrouve des personnes qu'il n'avait pas vues depuis longtemps. Le vieillissement a imprimé aux visages et aux silhouettes des modifications telles que Proust évoque un bal costumé et raconte des difficultés d'identification. Mais il constate que laborieusement ou sous l'effet du surgissement du trait du visage qui déclenche le souvenir, les personnes sont en général reconnues. Bien plus, cette reconnaissance malgré les changements ouvre à l'évocation d'un passé qui n'était pas perdu. Tel est le Temps retrouvé qui, du passé profondément enfoui au présent, raconte l'histoire d'une vie dans laquelle on peut plonger jusqu'aux souvenirs les plus lointains. Et le parcours de la vie n'est plus vu comme une déchéance emportée par le naufrage du Temps. Il est vu comme un parcours ascendant même si cette ascension fragilise et rapproche sans cesse de la mort. Le vieillissement décrit par Proust peut ainsi se lire comme une permanence identitaire, au sens de l'ipséité, au-delà des changements qui n'affectent que la mêmeté et préservent le lien continu de chacun avec son passé. L'être humain, si frêle dans l'espace, tire toute son ampleur de la place qu'il occupe dans le Temps. Telle est ainsi la fascination que Proust finit par ressentir à l'égard de la vieillesse qui montre un même Moi en perpétuel changement mais aussi et du même coup en marche vers la mort qui le déliera du Temps.[résumé d'auteur]
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