Résumé :
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Cet article cherche à mettre en évidence que le management moderne a gardé une des dimensions essentielles du taylorisme : la disqualification de la professionnalité des salariés, pour désamorcer toute légitimité de leur part à vouloir marquer de leur empreinte l'organisation de leur travail. Cette continuité est occultée par le fait que le management moderne revendique une humanisation du travail, met en scène des hommes et des femmes avec leurs affects, leurs émotions, leurs désirs, et prétend gérer, sur une base strictement individualiste, leurs forces comme leurs faiblesses. Pour cela, il recourt à deux orientations stratégiques : une offre éthique, idéologique et narcissique destinée à convaincre et séduire les salariés, d'un côté ; une précarisation subjective via la pratique du changement permanent pour les affaiblir et les conduire à s'en remettre aux outils de gestion pensés pour eux dans le cadre d'une recherche de rentabilité à court terme, de l'autre. Cette déstabilisation subjective précipite les salariés dans une quête exacerbée de réalisation de soi selon une logique qui exige qu'ils fassent un usage d'eux-mêmes strictement conforme aux méthodes et objectifs qui les dominent. [résumé d'auteur]
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