Résumé :
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Il a été beaucoup écrit sur l'Ecole psychiatrique d'Alger, notamment sur les théories de son chef de file, Antoine Porot. On peut s'interroger cependant sur l'occultation de ses travaux cliniques que ce soit à Tunis ou à Alger. Dans sa pratique, Antoine Porot est à certains égards novateur : services ouverts, rôle central de l'hôpital général, filières de soins. Dès lors, il est légitime de se demander pourquoi cette clinique est occultée. La réponse tient au fait que l'évolutionnisme théorique de Porot forme une idéologie scientifique. Cette expression nous a été proposée par Georges Canguilhem et trouve ici sa pertinence. En effet, l'évolutionnisme a offert à Porot une caution scientifique pour légitimer le projet colonial qui, à travers le code de l'indigénat a maintenu le colonisé dans un statut inférieur se basant sur un primitivisme ontologique. Cette idéologie scientifique justifie donc les intérêts d'une classe. C'est l'aspect pseudo-scientifique de cette théorie qui a suscité l'ire des psychiatres, au premier rang desquels Frantz Fanon, qui tentaient d'instaurer une psychiatrie humaniste. Dès lors, l'évolutionnisme deviendra le caractère spécifique de l'Ecole d'Alger. Sa critique a été féconde. D'une part, elle a ouvert la voie à une approche plus anthropologique des maladies mentales. et d'autre part, elle a créé les conditions de possibilité d'une ethnopsychiatrie de l'aire maghrébine. [Résumé d'auteur]
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