Résumé :
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Le bupropion, ou amphébutamone, est antidépresseur atypique désormais indiqué dans l'aide au sevrage tabagique, situation à haut risque de manifestations psychiques aiguës. Structurellement proche de l'amphétamine et des monoamines endogènes, dopamine et noradrénaline, dont il inhibe la recapture, le bupropion serait également un antagoniste non-compétitif des récepteurs nicotiniques. Nous avons récemment rapporté le cas d'une patiente schizoaffective ayant développé deux épisodes psychotiques aigus consécutifs dans les suites d'une mise sous bupropion. Nous avons donc conduit une recherche bibliographique visant à recenser les autres publications établissant un lien entre ce traitement et la survenue d'épisodes psychotiques (et/ou thymiques avec caractéristiques psychotiques) aigus. Outre les données de la pharmacovigilance et des études randomisées, 22 cas circonstanciés du même type ont été publiés entre décembre 1985 et novembre 2008. Les troubles surviennent généralement après une exposition brève à une posologie de 300mg/j environ. Dans la majorité des cas, les patients sont indemnes d'antécédent psychotique. Au plan étiopathogénique, l'action dopaminergique du bupropion, parfois potentialisée par interaction médicamenteuse, pourrait être incriminée. L'expression clinique et le profil évolutif des troubles les rapprochent des psychoses « organiques » et « toxiques » traditionnellement décrites. La stratégie thérapeutique consiste habituellement en un arrêt du bupropion et l'introduction d'un neuroleptique. L'utilisation des benzodiazépines pourrait constituer une alternative valable, par référence au modèle des psychoses aiguës amphétaminiques [résumé d'auteur]
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