Résumé :
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La gestion du risque est un principe d'action politique, une force d'organisation croissante de nos sociétés modernes. En médecine, le rapport bénéfice-risque est le préalable à toute entreprise thérapeutique. La psychiatrie n'échappe pas à cette tendance. C'est sans doute souhaitable sous bien des aspects. Toutefois, on ne saurait comprendre la notion de risque sous l'angle unique et technique d'un événement indésirable à prévenir. La gestion du risque ne se limite pas à un raffinement prédictif et préventif mais vient ébranler la situation de l'homme en son monde, le hissant à une place de responsabilité nouvelle, modifiant sa possibilité d'habiter le monde et de s'y abriter. Au-delà de ces aspects anthropologiques, dans une perspective de psychiatrie phénoménologique, la question du risque est intimement liée à celle de l'existence authentique. Ainsi, le risque apparaît non plus seulement sous l'angle d'un événement indésirable mais aussi comme moment fondateur de la présence au monde et à soi. Le projet thérapeutique de la psychiatrie pourrait donc être aussi de reconnaître et cultiver un certain type de risque, celui de tout engagement existentiel. Le risque thérapeutique en psychiatrie prend ainsi une dimension ontologique nouvelle. [résumé d'auteur].
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