Résumé :
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Les deux lignées de souris C57BL/6J et BALB/cByJ, qui ont un fond génétique différent, présentent des différences comportementales, notamment dans les tests considérés comme explorant l'anxiété et les réponses aux stress (tels que les comportements exploratoires en situation de stress). Schématiquement, les souris BALB/cByJ sont considérées comme anxieuses , à l'inverse des souris C57BL/6J. Des différences fonctionnelles de certains systèmes de neurotransmission GABAergiques pourraient être impliquées dans ces différences comportementales. Les récepteurs de type A au GABA, ou récepteurs GABAA, sont des pentamères formés de combinaisons de 2 sous-unités parmi 6 différentes protéines , 2 sous-unités β parmi 3 différentes protéines β, et d'une cinquième sous-unité parmi 3 protéines γ possibles, 3 protéines ρ possibles, ou les protéines δ, , θ et π. De nombreuses variations de récepteurs existent donc, les trios formes les plus abondantes étant 21/2β2/γ2, 22/2β3/γ2 et 23/2β3/γ2. Ces souris présentent aussi, dans certains tests de stress, des différences de réponse à l'étifoxine. L'étifoxine se fixant notamment sur les sous-unités β-2 (Gabrb2) des récepteurs GABAA, nous avons donc analysé dans un premier temps l'expression de cette protéine et de son ARN messager (ARNm) dans le cerveau de ces deux lignées de souris adultes. Nous avons observé que chez les souris BALB/cByJ et en l'absence de tout traitement, l'expression de Gabrb2 est constitutivement et spécifiquement majorée dans le gyrus denté, la région CA3 de l'hippocampe et le thalamus antéro-dorsal, qui sont des structures du circuit de Papez. Cette surexpression affecte à la fois les ARNm et les protéines, et signifie que la composition en sous-unités des récepteurs GABAA y est différente. Il pourrait y avoir une relation entre cette différence et les différences comportementales de ces souris. En effet, le circuit de Papez, qui relie les archeocortex formant l'hippocampe, via le thalamus antérieur et d'autres structures, aux néocortex limbiques, pariétal et frontal, est considéré comme étant le circuit majeur impliqué dans le traitement de l'information émotionnelle, et notamment de l'anxiété. La protéine Gabrb2, cible de l'étifoxine, pourrait donc avoir une implication particulière dans la régulation des réponses au stress et de l'anxiété. Dans un second temps, nous avons analysé l'effet, après 30minutes, 4, 8 et 12heures, d'un traitement aigu par l'étifoxine sur l'expression des ARNm de Gabrb2 chez les souris BALB/cByJ. Aucune différence d'expression n'a été observée. Ce résultat montre que l'impact ou la cible de l'étifoxine est la protéine bêta 2 constitutive du récepteur GABAA et non son transcript (ARNm). Ce résultat est compatible avec l'absence d'effet de tolérance (accoutumance) et d'effet rebond avec ce traitement observés lors des études précliniques et cliniques. Ces résultats établissent donc un possible lien entre l'une des protéines sur lesquelles agit directement l'étifoxine et les comportements de réponse au stress et d'anxiété mais également entre l'absence d'induction par l'étifoxine de variation de l'expression du gène de cette protéine et l'absence d'effet de tolérance (accoutumance) et d'effet rebond de ce traitement. Ce dernier point mérite d'être approfondi par des études ultérieures.[résumé d'auteur]
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