Résumé :
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La place de l'expertise psychiatrique dans les procédures judiciaires a été récemment remise en cause à la suite de la tragique « affaire d'Outreau ». Dans le cadre de l'expertise de crédibilité des victimes, l'expert reste un auxiliaire de la justice et donne un avis prudent. Il doit être compréhensible et accessible pour renseigner les juges et éventuellement les jurés sur des connaissances spécifiques médicales et psychologiques que ces derniers ne possèdent pas. Il est interrogé sur la crédibilité d'une personne et non pas sur la véracité de ses déclarations. Il doit évaluer si les pathologies éventuellement présentées sont compatibles avec les faits allégués, ou s'il peut y avoir exagération ou simulation pour l'octroi d'avantages ou par désir de nuire à quelqu'un. L'expert ne doit pas oublier que sa légitimité est basée sur ses compétences professionnelles, c'est-à-dire ici pour les médecins, sur la clinique. Il répond davantage sur la personnalité de la victime, la cohérence de son discours, sa suggestibilité, voire sa pathologie, que sur sa crédibilité. Il pourra s'aider, dans les cas les plus difficiles et afin de rédiger ses conclusions, de tests psychométriques, confrontés à la clinique. Actuellement sa désignation reste floue. Elle prend place dans un processus décisionnel, et se fait par une personne indépendante de lui. Il pourrait être intéressant de rediscuter les critères de nomination et la procédure à suivre. Ainsi il pourrait être exigé, de la part de l'expert, une formation plus solide et une expérience clinique variée, aussi bien en matière de psychiatrie, de criminologie, de victimologie, ou en réparation du dommage corporel. On pourrait imaginer un tirage au sort parmi tous ces experts compétents, ou la désignation par un collège qui répartit de façon équitable toutes les expertises. Enfin il paraîtrait normal, afin d'obtenir des expertises de qualité, de revoir la rémunération de celles-ci, actuellement peu attractives. [résumé d'éditeur]
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