Résumé :
|
L'article se donne pour objectif de mettre au premier plan le rôle et le statut des ' secondes personnes ' dans le cadre d'une éthique relationnelle où la personne-en-relation prime sur l'individu entendu comme sujet isolé. En prenant comme fil conducteur le travail psychiatrique de l'Équipe Rapide d'Intervention de Crise (ERIC), nous cherchons à faire apparaître l'anthropologie de la relation qui sous-tend l'éthique pratique à l'oeuvre dans l'intervention d'urgence psychiatrique de ce service. Une telle anthropologie révèle un changement d'épistémologie qui passe par la prise en considération de la méthode de la phénoménologie, l'épochè, laquelle correspond à une modification radicale d'attitude et de regard sur le sujet: de l'individu à la personne, on passe de la solitude à la relation. Néanmoins, celle-ci demande à être appréhendée non pas seulement sur un mode immanent c'est-à-dire transversal (avec une tendance à l'anonymat) mais comme une dynamique d'autotranscendance, que seule révèle la personne dans toute son amplitude, à savoir comme lieu irréductible de la relation. D'où la nécessité, pour avérer la pertinence épistémologique d'une telle phénoménologie pratique, de mobiliser pour commencer la méthodologie émergentiste, enactive et neurophénoménologique des sciences cognitives, qui met au premier plan la relation cogénérative entre la première, la deuxième et la troisième personne. C'est sur la base d'une telle prise en compte radicale de la seconde personne, à titre de validation intersubjective de l'objectivité en neurosciences cognitives, que l'on pourra faire apparaître le lieu irréductible de l'éthique phénoménologique de la relation qui constitue la spécificité épistémologique de la post-psychiatrie d'ERIC.[résumé d'auteur]
|