Résumé :
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Cet article, en deux parties, l'une critique, l'autre positive, a pour objet de porter à l'expression explicite une prétention récente des neurosciences cognitives, qui est de fonder une neuroscience de la cognition sociale. Cette prétention est examinée en ses origines qui remontent à la psychologie proto-phénoménologique de l'Einfühlung (début du siècle dernier). Elle est aussi évaluée en ses limites, qui sont celles d'un programme récurrent en psychologie: la naturalisation mentale du social. Le critère de cette évaluation est fourni dans les deux cas par une phénoménologie entendue dans le sens strict (non édulcorée en neuro-quelque chose') : une théorie descriptive des structures essentielles (configurations de sens) des vécus du sujet agissant. Cette phénoménologie est à l'origine (trop oubliée) d'une théorie de la structure a priori des actes sociaux dont certains développements de la théorie des Speech acts semblent retrouver l'inspiration. Jusqu'à présent, aucune discipline particulière n'a été capable avec ses ressources propres de relier les tendances empathiques de l'individu issues des sources internes de la motivation aux contraintes formelles de la structure objective de l'interaction sociale. La mise en continuité des travaux actuels avec leurs précurseurs dans la tradition phénoménologique pourra contribuer, par l'apport d'intuitions fécondes et d'orientations épistémologiques claires, à l'avènement d'une science plus intégrative. [résumé d'éditeur]
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