Résumé :
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L'approche génétique du comportement tabagique peut être utilisée pour comprendre les mécanismes physiopathologiques mis en jeu dans la dépendance au tabac et potentiellement développer des stratégies préventives. Les études d'adoption et de jumeaux plaident en faveur d'un rôle non négligeable des facteurs génétiques dans le comportement tabagique où le sexe, l'âge de début et l'intensité de la consommation sont aussi influencés par ces mêmes facteurs génétiques. Ainsi, chez les fumeuses, l'héritabilité estimée pour l'initiation et la persistance de consommation de tabac est respectivement de 66 % et 61 %. Chez les fumeurs, l'héritabilité estimée est de 49 % et 61 % respectivement. Chez les gros consommateurs de tabac, on retrouve une influence des facteurs génétiques qui est d'autant plus importante lorsque celle-ci est associée à d'autres prises importantes d'alcool ou de café. Grâce au développement de la biologie moléculaire, plusieurs gènes candidats ont pu être proposés. D'abord, le système dopaminergique via les phénomènes de récompense liés à la nicotine. En effet, les polymorphismes génétiques des récepteurs D1, D2, D4, D5, du transporteur de la dopamine et de la dopamine β-hydroxylase ont été associés dans au moins une étude au comportement tabagique ou à ses différents stades d'évolution. Le système sérotoninergique, et en particulier le gène codant pour le transporteur de la sérotonine, semble associé au tabac probablement par l'intermédiaire du trait « neuroticisme », trait de personnalité souvent retrouvé chez les fumeurs. Enfin, des variants génétiques des enzymes du cytochrome P450, expliquant les différences interindividuelles de biodisponibilité de la nicotine, ont été retrouvés chez les fumeurs. L'abord génétique du comportement tabagique semble intéressant pour une prise en charge thérapeutique plus individualisée et l'identification de sujets à plus haut risque de dépendance.[résumé d'auteur]
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