Résumé :
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Construit autour de l'intense délire d'amour d'Elisabeth, 26 ans, et de son traitement, l'article s'attache à repérer différentes formes et fonctions psychiques qu'y prit l'hallucination, et au fil du traitement le destin de la « petite voix » entendue à 14 ans avec l'évidence de la prophétie - « c'est ici que tu rencontreras l'homme de ta vie ». Acte narcissique fondateur chez une adolescente qui s'éprouvait « morte vivante », la prophétie, pour donner corps à la passion narcissique, requiert le visible des images. De telles images donnent une réalité hallucinatoire à la rencontre avec l'autre ainsi qu'à un moi toujours menacé d'anéantissement, dans un passage à l'acte maniaque : leur structure est spéculaire, qu'il s'agisse du reflet furtif de l'homme à aimer, saisi dans la vitre du café, ou bien des traces répétées de sa propre existence à elle, saisies par l'objectif photographique pour pallier son « défaut de naissance », ou plus tard encore de ses doubles découpés dans les magazines, qu'elle m'adresse compulsivement. Mais grâce au détour transférentiel qu'il effectue, peu à peu le traitement mobilise aussi un autre régime de l'hallucination : celui de l'hallucinatoire d'un rêve où figure la thérapeute. Au visible des images peut alors se substituer le visuel des mots, selon l'expression de Pierre Fédida. [résumé d'auteur]
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