Résumé :
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Il est courant d'attribuer aux individus anxieux un biais d'estimation faisant qu'ils surestiment les dangers potentiels de leur environnement et qu'ils sous-estiment leur possibilité de sécurité. Ce biais s'exprime essentiellement dans des situations concrètes et actuelles qui souvent génèrent de l'anxiété, et auxquelles les individus anxieux doivent répondre dans l'urgence. Nous avons cherché à savoir s'il était repérable sur des estimations plus « réfléchies » pour lesquelles le temps de réaction n'a pas d'importance, et sans que les sujets voient leur anxiété activée plus qu'à la normale. Pour cela, nous avons rencontré 18 patientes anxieuses et 18 femmes sans troubles psychiatriques, et nous leur avons demandé d'estimer la probabilité d'apparition de 16 événements tels que « trouver de l'argent dans la rue » ou « avoir une panne de réveil » deux fois de suite. Une fois en pensant que ces événements arrivaient à d'autres personnes, une autre fois en pensant que ces événements leur arrivaient à elles. Nous pouvions classer ces événements en fonction de leurs conséquences positives ou négatives et en fonction de leur probabilité objective d'apparition : rares ou fréquents. Les résultats montrent que l'anxiété a effectivement une influence sur de telles opérations cognitives et que cette influence dépend de la catégorie d'événements à juger. Ainsi, par exemple, les événements négatifs paraissent plus probables pour les jeunes femmes les plus anxieuses, mais il ne semble pas exister de tels effets pour les événements positifs.
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