Résumé :
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Introduction ESEMeD est la première étude épidémiologique internationale réalisée sur des échantillons aléatoires permettant de mesurer avec précision la prévalence des troubles psychiatriques en France et de comparer directement celle-ci avec celles observées dans d'autres pays européens. Objectifs 1) Déterminer la prévalence des troubles dépressifs, anxieux ou liés à l'alcool sur douze mois et au cours de la vie ; 2) estimer leur taux de comorbidité ; 3) évaluer les facteurs démographiques de risque de ces troubles. Méthode Il s'agit d'une enquête transversale réalisée en 2001-2003 en population générale chez des sujets âgés de plus de 18 ans et non institutionnalisés, vivant en Allemagne (n = 3 555), en Belgique (n = 2 419), en Espagne (n = 5 473), en France (n = 2 894), aux Pays-Bas (n = 2 372) et en Italie (n = 4 712). En France, la base de sondage utilisée était une liste de numéros de téléphone générés aléatoirement. Les sujets ont été interrogés à leur domicile par des enquêteurs professionnels. Le questionnaire WMH-CIDI a été utilisé. Résultats Le taux de participation a été de 46 % pour la France et de 61 % pour l'ensemble des pays. La prévalence au cours des douze derniers mois et au cours de la vie était respectivement 6,0 % et 21,4 % pour les épisodes dépressifs majeurs, 1,6 % et 7,9 % pour la dysthymie, 2,1 % et 6,0 % pour l'anxiété généralisée, 1,2 % et 3,0 % pour les troubles panique, 0,6 % et 1,8 % pour l'agoraphobie, 2,2 % et 3,9 % pour l'état de stress post-traumatique, 1,7 % et 4,7 % pour la phobie sociale, 4,7 % et 11,6 % pour la phobie spécifique, 0,5 % et 4,1 % pour l'abus d'alcool, et 0,3 % et 1,6 % pour la dépendance à l'alcool.Les troubles dépressifs et anxieux étaient significativement plus fréquents chez les femmes et les troubles liés à l'alcool plus fréquents chez les hommes. La fréquence des trois types de troubles est moins importante chez les sujets âgés et chez ceux vivant en milieu rural. Les troubles dépressifs et liés à l'alcool étaient plus fréquents chez les sujets vivant sans conjoint et les troubles dépressifs plus prévalents chez ceux sans emploi rémunéré. 38 % des sujets présentant un trouble dépressif avaient également un trouble anxieux ou un trouble lié à l'alcool associé. La comorbidité des troubles dépressifs et anxieux était plus fréquente chez les femmes, les sujets jeunes et ceux vivant sans conjoint. Le taux de comorbidité chez les sujets présentant des troubles anxieux était de 26 % sans différence entre les sexes. En ce qui concerne les troubles liés à l'alcool, il existait une forte différence de taux de comorbidité selon le sexe, à savoir 67 % chez la femme et 26 % chez l'homme. Conclusion Cette étude souligne la prévalence élevée des troubles dépressifs, anxieux et liés à l'alcool en France, ainsi qu'une importante comorbidité entre eux. En outre, elle souligne la nécessité d'évaluer et de prendre en compte la présence éventuelle d'une telle comorbidité dans l'organisation des soins.[résumé d'auteur]
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