Résumé :
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La prise de poids lors d'un traitement psychotrope chez les patients souffrant de troubles psychiatriques est connue depuis la découverte des premiers psychotropes, mais elle semble s'intensifier depuis quelques années. Elle est calculée à l'aide de l'indice de masse corporelle (IMC) et peut aller de la surcharge pondérale à l'obésité. C'est un facteur de risque important et elle expose à de nombreuses complications tant somatiques (hypertension artérielle, insuffisance coronarienne, accident vasculaire cérébral, intolérance au glucose, diabète non insulinodépendant, dyslipidémie, troubles respiratoires, ostéoarticulaires ou néoplasiques) que psychologiques et sociales (sentiment de démoralisation et de mise à l'écart). Ces conséquences parfois sévères entraînent un risque d'interruption du traitement et de rechute de la pathologie traitée, et peuvent parfois engager le pronostic vital. L'article fait le point des études menées depuis quelques années au point de vue de l'épidémiologie, mais aussi du mécanisme d'action et des possibilités de prise en charge des patients souffrant de prise de poids sous antidépresseurs, thymorégulateurs ou antipsychotiques. Des données générales, mais aussi spécifiques à chacune des 3 classes médicamenteuses sont ici résumées et rapportées aux données de la littérature. Si les notions épidémiologiques sont mieux connues, les mécanismes étiologiques restent délicats à élucider (rôle du contrôle nerveux central, métabolisme du glucose, pharmacogénétique). Il faut souligner aussi leur association pour ces patients à la difficulté d'équilibrer leur alimentation, au manque d'exercice physique et aux associations médicamenteuses. La prise en charge comporte des mesures associant la surveillance régulière et précoce du poids et de ses variations, un bilan biologique à intervalle régulier, des conseils hygiéno-diététiques pouvant associer un régime prudent à une activité physique régulière, mais aussi une prise en charge psychothérapeutique individuelle et dans le cadre de groupes de patients. L'instauration la plus précoce possible de ces mesures, associée à l'information donnée aux patients le plus tôt possible par rapport à la prescription sont essentielles pour limiter cette prise de poids et les risques qu'elle génère, de mauvaise compliance ou d'interruption du traitement avec risque de rechute, voire d'accident majeur.[résumé d'auteur]
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