Résumé :
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Bien que nosographiquement aujourd'hui invisible et diluée dans le “ spectre autistique ”, la distinction entre autisme de Kanner et “ psychose infantile ” (ou prépsychose) est pourtant cliniquement attestée et régulière. Il apparaît donc nécessaire, indépendamment de la question de l'étiologie, de comprendre l'opposition entre ces deux troubles et d'en préciser les manifestations cliniques spécifiques respectives. À partir de l'analogie avec deux types distincts d'agnosie, nous présentons ici, dans cette première étape, l'hypothèse qu'il s'agit de deux troubles respectivement de l'unité et de l'identité de la situation vécue (corporelle et environnementale). Le déficit d'unité dans l'autisme atteint la délimitation des aléas de l'expérience et se traduit par le symptôme “ négatif ” (ou déficitaire) de l'isolation ; la préservation de l'identité se manifeste elle par le symptôme “ positif ” (ou compensatoire) de l'immuabilité, autrement dit d'une identité excessive. L'événement, interne ou externe, n'est plus appréhendé dans sa complexité ou dans son aspect cohésif, mais seulement dans sa cohérence. Dans la “ psychose infantile ”, inversement, le déficit atteint la discrimination des variations de l'expérience vécue et se traduit par le symptôme négatif de la confusion ; le maintien de l'unité se manifeste lui, “ positivement ”, par un envahissement et une fusion/fragmentation, autrement dit par une surefficience de l'unité. La situation n'est plus appréhendée cette fois comme homogène ou cohérente, mais seulement dans sa cohésion. La discussion clinique et critique de cette hypothèse prend appui sur les propositions analogues d'auteurs d'obédiences théoriques différentes tels que M. Malher, F. Tustin, U. Frith et, particulièrement, M. Lemay dont les propositions récentes de troubles respectifs de l'intégration et de la modulation semblent proches de nos propres hypothèses. [résumé d'auteur]
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