Résumé :
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Les auteurs présentent la méthodologie et les résultats d'une enquête épidémiologique unicentrique prospective sur les Dépressions du post-partum (DPP). L'échelle de Dépression du post-partum de Cox (EPDS = Edinburgh post-natal Depression Scale) est utilisée en post-partum immédiat, à la maternité, puis six semaines après la naissance de l'enfant, au cours d'une visite à domicile. Cette étude vise à mettre en relation ces deux scores, dans une perspective de dépistage précoce d'une pathologie fréquente (10 % des femmes sont concernées), ayant un retentissement important sur la relation mère-nourrisson, bien que l'intensité de la dépression proprement dite reste habituellement modérée. Différents paramètres médicaux et sociaux sont également analysés, ainsi qu'une appréciation clinique de la qualité ou des difficultés de la relation mère-nourrisson. Cette enquête a concerné l'ensemble des femmes accouchant dans une maternité du CHU de Marseille, et habitant une zone géographique déterminée. Elle s'est déroulée sur soixante-sept jours répartis en cinq tranches. 196 femmes ont été incluses. 98 femmes, soit 50 % ont accepté la totalité de l'enquête, composée de deux temps : 1) les questionnaires et l'entretien réalisés à la maternité ; 2) les questionnaires et l'entretien lors d'une visite à domicile six semaines après la naissance de l'enfant. Sur les 98 femmes revues à domicile, l'EPDS a permis de dépister pour 10 % d'entre elles un syndrome dépressif six semaines après l'accouchement. De plus l'EPDS est un instrument fiable dans le dépistage d'un groupe à risque à la maternité, lorsqu'on retient comme valeur-seuil un score EPDS égal à 8. En effet très peu de femmes ayant un score inférieur à ce chiffre présenteront un score en faveur d'une DPP six semaines après l'accouchement : la valeur prédictive négative est alors de 97 %. Le pouvoir de concentration d'un tel test correspond à la sélection efficace d'un groupe à risque de DPP ultérieure, puisque la valeur prédictive positive est de 30 %. La dépression est corrélée avec l'observation de troubles de la relation entre la mère et le bébé, et cela justifie des propositions de soin précoces et actives. Mais certains résultats, par exemple des scores faibles à l'échelle de dépression de Hamilton pour des femmes cliniquement déprimées et ayant un score élevé à l'EPDS, sont en faveur de l'hétérogénéité des Dépressions du post-partum, et vont dans le sens d'une complexité plus grande qu'il n'y paraît au premier abord, de ce concept. D'autre part les refus de participation à une telle enquête, que nous analysons ensuite, illustrent les limites d'un dépistage précoce des DPP. Cette question est familière aux spécialistes de la santé mentale en périnatalité, les sentiments de culpabilité et les fantasmes de mauvaise mère (partagés par certains soignants) semblant de nature à entraver une demande de soins. [résumé d'auteur]
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