Résumé :
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À travers quelques fragments de la trajectoire d'un jeune patient hospitalisé à plusieurs reprises dans notre institution, pour lequel le diagnostic de psychose froide a été porté, nous étudierons la pertinence de ce concept dans la prise en charge institutionnelle de jeunes patients psychotiques non délirants et consommateurs de haschich. E. et J. Kestemberg ont introduit le concept de ' psychose froide '. Cliniquement, il s'agit de patients présentant des troubles de l'identité et une tendance à la dépendance. Le recours au fétiche est l'un des principaux éléments de leur fonctionnement intra psychique. La relation fétichiste s'appuie sur les conceptions freudiennes du fétichisme mais prolonge cette réflexion au-delà du champ des perversions sexuelles, pour devenir un type particulier de relation d'objet. L'utilisation de ' fétiche ' chez ces patients leur permet de ne pas avoir recours à la solution délirante dans leurs transactions avec la réalité, les préserve de l'agressivité qui pourrait les déborder. Ce type de relation s'inscrit très tôt dans le développement de l'enfant, avant même qu'il n'existe comme sujet face à sa mère. Plus tard l'adolescent jeune adulte n'aura pas accès à la triangulation oedipienne, le recours au fétiche traduisant au niveau intra psychique un clivage du Moi lui barrant l'accès à la bisexualité. Chez ces patients au narcissisme vacillant, dont les capacités d'identification et d'identité sont un vaste champ en friches, ou toute relation avec un autre représente une menace d'anéantissement, sans qu'ils n'aient à leur disposition de possibilité de restructuration autour d'une solution délirante, la diversité des intervenants et des espaces soignants que leur offre le cadre institutionnel est l'amorce du processus thérapeutique qui va les conduire vers un investissement possible du dehors et des autres qui le peuplent.[résumé d'auteur]
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