Résumé :
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L'auteur se propose de présenter l'objet de la psychiatrie et de le comparer à l'objet de la psychanalyse. Pour situer la psychiatrie, il montre la vanité de la recherche étymologique d'une définition et la remplace par un repérage historique, dans la médecine grecque, hellénistique et romaine, et estime que la psychiatrie apparaît quand la médecine explique certains aspects et certaines manifestations de ce que la culture entendait par folie en se référant exclusivement à la nature - la phusis - et sans aucun rapport avec le surnaturel. Il reprend alors un historique de la psychiatrie moderne, depuis la fin du XVIIIe siècle, en y distinguant trois périodes marquées chacune par la prévalence d'un paradigme, au sens que l'historien des sciences T.S. Kuhn donnait à ce terme : l'aliénation mentale au singulier (1793-1854), les maladies mentales au pluriel (1854-1926), les structures psychopathologiques (1926-1977), et actuellement la psychiatrie postmoderne. Il exclut d'ailleurs toute légitimité à une tentative de philosophie de l'histoire qui prétendrait transcender l'historiographie empirique. Il montre qu'au XXIe siècle la psychiatrie a un contenu irréductiblement hétérogène et des limites de pertinence floues et conventionnelles. Il étudie les rapports de la psychiatrie avec des disciplines voisines : connaissance du système nerveux central, neurologie clinique et neuropsychologie, mais aussi anthropologie, criminologie et linguistique. Il en conclut que psychiatrie et psychanalyse ont le même objet, mais l'envisagent de points de vue différents, qui d'ailleurs se retrouvent dans la réflexion psychopathologique. Il précise que la psychanalyse garde une certaine raison d'être dans la partie de la psychiatrie en rapport avec des atteintes du système nerveux central, car même les déments, au moins au début de leur affection, conservent une vie mentale consciente et inconsciente.[résumé d'auteur]
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