Résumé :
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partir du matériel clinique du suivi dans un IME d'un jeune atteint de trisomie et présentant des retraits autistiques, je propose de relater quelques séances de la psychothérapie pour repérer les éléments cliniques qui ont permis à Léo de reconstruire peu à peu son image du corps et son sentiment d'exister, et de découvrir un sentiment d'altérité. En quoi la nomination du sensoriel vécu en séance a pu étayer la conscience d'exister de Léo qui se perdait dans un retrait autistique pour survivre, où le clivage dans ses pensées l'empêchait de recontacter son vécu corporel. Les étapes de destructivité (automutilations et violence) peuvent être comprises non pas comme un refus de relation, mais comme des tentatives de différenciation au moment où l'intensité émotionnelle tout juste récupérée le submergeait et que son pare-excitation était encore défaillant. L'intensité émotionnelle le plongeait alors dans des angoisses ingérables de densité de son corps qui ont pu s'apaiser grâce à un ralentissement de vitesse des gestes, des mouvements et des paroles du thérapeute. Ce temps étiré a favorisé l'intégration sensorielle de ses ressentis jusqu'à ce que son image du corps se construise. Ainsi il a goûté peu à peu à la relation à l'autre, dans un premier temps en se mettant dans les pensées d'autrui dans une interchangeabilité d'identifications, pour ensuite s'autoriser à se sentir exister pour lui-même sans s'isoler de la relation. Il a pu ensuite revivre dans le transfert des traumatismes infantiles de s'être senti monstrueux et dangereux pendant la première année de sa vie pour ses parents sous le choc d'avoir et de voir leur bébé marqué d'un handicap. Puis il a pu au fil des séances quitter une responsabilité ingérable de réparer les blessures narcissiques de ses parents pour retrouver enfin sa place dans sa génération et accepter de refaire confiance aux adultes pour se sentir protégé et relancer ses forces de croissance. [résumé d'éditeur]
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