Résumé :
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Les propriétés anti-convulsivantes de l'acide N-dipropylacétique (acide valproïque) ont été reconnues en 1967 par Meunier et Carraz. Son utilisation s'est rapidement généralisée en épileptologie, le plus souvent sous forme de valproate de sodium. Depuis 1983, le divalproate, combinaison équimolaire d'acide valproïque et de valproate de sodium, est disponible aux USA dans cette indication. Le développement de son utilisation dans les troubles bipolaires s'est fait en deux temps. C'est avec le valpromide, amide primaire de l'acide valproïque, qu'a été mise en évidence l'activité antimaniaque et prophylactique (Lambert et al., 1968-71). Les travaux initiaux de Lambert ont eu peu d'échos hors de France et c'est beaucoup plus tard que les études entreprises en Allemagne avec le valproate de sodium (Enrich et Von Zerssen, 1980-85) puis aux USA avec le divalproate, cette dernière décennie, sont venues confirmer l'efficacité des dérivés de l'acide valproïque dans les troubles bipolaires. La plupart des études contrôlées ont été réalisées avec le divalproate. Elles ont montré son efficacité en monothérapie dans l'accès maniaque (Pope et al. 1991) (Bowden et al., 1994) et le divalproate a été approuvé par la FDA en 1995 dans cette indication. Les résultats de l'étude de Bowden et les constatations d'autres travaux menés en ouvert suggèrent que le spectre d'activité du divalproate est plus large que celui du lithium, avec une bonne efficacité dans des sous-types de manie où l'activité du lithium est médiocre : manies dysphoriques, cycles rapides, manies secondaires à une atteinte cérébrale organique. Les études prospectives de Puzynski et Klosiewicz (1984) et de Lambert et Venaud (1992) ont montré l'activité prophylactique du valpromide, l'efficacité étant un peu plus marquée vis-à-vis des accès maniaques que des accès dépressifs. L'étude de Bowden et al. (2000) indique que la bonne efficacité du divalproate dans un accès maniaque aigu pourrait, chez un patient, être prédictive de son efficacité dans le traitement de maintenance. Le champ des troubles bipolaires apparaît actuellement plus vaste et plus hétérogène qu'on ne l'a longtemps pensé. Les stratèges y font une place croissante aux thymorégulateurs. Dans ces traitements au long cours où la mauvaise compliance est facteur d'échec, le traitement par valproate (valpromide, divalproate) a pour lui l'avantage d'être facile à gérer et d'être bien toléré sur le long terme. Lors des coprescriptions de thymorégulateurs, rendues souvent nécessaires par leurs limites d'efficacité, un consensus se fait sur l'intérêt de l'association du divalproate et du lithium.[résumé d'auteur]
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